Investir dans « l’enjeu le plus important sous notre ciel »
M. Ding Xuedong, président de China Investment Corporation (CIC), a fait une importante déclaration. Il a annoncé que le fonds souverain de 650 milliards de dollars américains va désormais être davantage utilisé pour des investissements dans l’agriculture et les produits alimentaires.
Lorsqu’elle a été fondée en 2007, la CIC a principalement investi dans des institutions financières américaines. Puis, à la suite de la crise financière, elle s’est focalisée sur l’énergie, les métaux et l’extraction minière.
Maintenant le fonds va investir dans la sécurité alimentaire, en se concentrant sur la création d’emploi locale et la croissance économique.
La FAO affirme que la production mondiale de céréales doit augmenter de 70 % pour répondre à la demande alimentaire croissante, qui est la conséquence de l’augmentation de la population, de l’urbanisation et des modifications des habitudes alimentaires.
Ce n’est pas impossible. Il n’y a pas de pénurie de terres fertiles. Moins de 30 % des terres cultivables en Afrique produisent actuellement de la nourriture. Les forêts n’en font pas partie. L’Afrique à elle seule possède environ 800 millions d’hectares de terres qui peuvent être cultivées, mais seulement 227 millions d’hectares sont actuellement utilisés pour la production alimentaire. Le rendement des récoltes est misérablement bas dans certaines régions.
« Les cultures ne se planteront pas toutes seules », a commenté M. Ding.
Son organisation sait que beaucoup de gouvernements n’ont pas les capacités pour cette tâche. Ils n’ont simplement pas les moyens financiers nécessaires. Si les gouvernements africains ne peuvent déjà pas réparer les routes et offrir des soins ou des repas scolaires, comment pourraient-ils investir dans la production alimentaire ? Le secteur privé et les investisseurs institutionnels doivent s’engager pourcombler les manques.
Alors que les capitaux privés vont plutôt vers la production alimentaire, la plupart des investissements se font dans la logistique, le financement des échanges commerciaux et les centres commerciaux.
Le manque de fonds affecte les infrastructures, l’approvisionnement en graines et engrais, l’irrigation, la production de protéines, les équipements de transformation, la distribution alimentaire, les services de développement, la formation des agriculteurs, et la recherche.
Un changement est en train de se produire. « Ces 40 dernières années, les investissements dans les terres agricoles aux États-Unis ont surpassé les actions et les obligations », assure M. Ding. La valeur des terres cultivables augmente, de Lusaka à Luanda et du Caire au Cap. Les entreprises alimentaires se préparent en vue de l’augmentation internationale de la demande en denrées alimentaires, comme l’ont montré de récentes fusions et acquisitions. China’s Shuanghui, par exemple, a racheté le plus gros producteur porcin d’Amérique, Smithfield.
« La sécurité alimentaire est un problème mondial que personne ne peut ignorer », affirme M. Ding. « Nous sommes convaincus que le secteur de l’agriculture apporte une stabilité, une façon de se prémunir contre l’inflation et un outil de répartition des risques. »
« Pour tout le monde, la nourriture est l’enjeu le plus important sous notre ciel », dit un proverbe chinois. La crise alimentaire de 2007-2008 peut sembler un souvenir lointain, mais n’oublions pas que seulement quatre jours séparent la civilisation du chaos.