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Financement de projet dans l’industrie agricole : le jour va-t-il enfin se lever ?

expérience de production

La nuit a été longue et difficile pour l’industrie agroalimentaire africaine. Mais le jour va-t-il se lever ?

Les banques commerciales en Éthiopie, par exemple, ne se réveillent jamais lorsqu’il s’agit de soutenir l’industrie de la transformation des produits agricoles. Il y a certainement de nombreuses raisons à cela, entre autres le manque de garanties des clients.

En Éthiopie, toute les terres sont la propriété de l’État, qui loue les terrains agricoles, industriels et résidentiels aux agriculteurs et entrepreneurs. Un bail de 99 ans est possible pour un exploitant agricole, et 30 ans est la durée standard pour les terrains industriels. Donc un immeuble peut servir de garantie, mais quelle est la valeur d’un immeuble en briques vide ? Pas grand-chose.

Une autre raison, plus pernicieuse, ce sont les impôts, un type d’impôts qui est comme un loup déguisé en agneau. L’année dernière le gouvernement a demandé aux banques d’acheter des obligations d’État chaque fois qu’elles acceptent un prêt, à hauteur de 27 % de la valeur du prêt. Une façon habile de transférer l’argent depuis des comptes privés vers les caisses de l’état.

Rien de ceci ne facilite l’obtention de fonds pour financer un projet, pour un entrepreneur éthiopien. La semaine dernière, j’ai rencontré l’équipe projet d’une nouvelle entreprise de transformation de produits agricoles. Et quelle équipe ! Le directeur général a derrière lui une longue carrière dans la transformation des produits agricoles, tant dans des entreprises publiques que privées. En association avec un investisseur local, il a rassemblé une équipe d’ingénieurs, de scientifiques spécialisés dans l’alimentation, un chercheur universitaire et un comptable. Ces personnes ont des niveaux d’études allant de la maîtrise au doctorat, et ont de l’expérience dans l’industrie. Maintenant, ils ont besoin de 2 millions de dollars américains pour que leur projet soit opérationnel.

C’est là que commence une recherche longue et décourageante pour le financement. Ils vont avoir besoin d’une extrême persévérance et d’une forme olympique. C’est comme se trouver dans un couloir d’hôtel, avec des portes sur la droite et sur la gauche, à perte de vue, et devoir frapper à chacune d’elles.

L’une des portes où il faut frapper est celle du fonds AAF pour les PME. AAF signifie African Agricultural Fund (fonds africain pour l’agriculture) – un fonds de participation privé disposant de 150 millions de dollars américains, géré par Phatisa. C’est le fonds le plus important en Afrique pour l’investissement dans la production et la transformation alimentaire. En février cette année, Phatisa a annoncé un compartiment de 30 millions de dollars américains spécialement destiné aux investissements dans les PME (petites et moyennes entreprises). À plein régime, le fonds prévoit de disposer de 100 millions de dollars américains à investir. Jetez un œil du côté du fonds AAF pour les PME, et voyez si c’est une option valable pour vous.

L’AAF, qui est dirigé par le groupe Databank, près d’Accra au Ghana, est soutenu par les grands acteurs dans le domaine du développement : l’Agence Française de Dévéloppement (AFD), PROPARCO, le gouvernement espagnol (AECID), l’African Development Bank (AfDB), le programme Alliance for a Green Revolution in Africa (AGRA), l’International Fund for Agricultural Development (IFAD), la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), l’ECOWAS Bank for Investment and Development (EBID) et, bien sûr, Phatisa, le gérant du fonds AAF.

Peut-être que le message est en train de passer : les industries agricoles africaines sont indispensables aux chaînes de valeur qu’elles servent, mais elles ne peuvent pas financer leur croissance uniquement à partir des recettes.

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