Biodiesel de soja : a-t-il de l’avenir aux États-Unis ?
Au début de ce siècle (de 2002 à 2005), il semblait y avoir un avenir extraordinaire dans le domaine du raffinage de l’huile de soja brute en gazole. C’était à l’époque où l’huile de soja brute se vendait 1,88 $/gallon et le gazole était juste sous les 4 $/gallon. Il était particulièrement attractif pour les entreprises de concassage de raffiner et vendre le biodiesel raffiné à l’industrie du transport, en obtenant des aides gouvernementales. Les fournisseurs de machines pour l’extraction d’huile comme Insta-Pro y accordaient un vif intérêt.
Que s’est-il passé ? En 2007-2008 la demande en huile végétale pour l’alimentation, ainsi que pour le tourteau de soja, a fait un bond spectaculaire en Chine et en Inde, et il s’est ensuivi une augmentation considérable de la valeur du stock des bioraffineurs (huile de soja brute). Les agroraffineries ont vu le coût de l’huile de soja brute passer à 2,65-2,95 $ le gallon alors que le gazole coûtait aux utilisateurs environ 3 $/gallon. À côté de ça, le prix du tourteau de soja a plus que doublé, à cause du coût plus élevé du soja.
L’industrie agroalimentaire américaine, de même que les industries agroalimentaires internationales, ont protesté contre ces augmentations, arguant qu’il était néfaste pour les aliments traditionnels que des intrants tels que le soja, le maïs, et d’autres huiles végétales alimentaires soient employés pour le carburant. Ces facteurs ont laissé penser aux experts et agences gouvernementales que les réserves alimentaires actuelles et futures étaient menacées par l’utilisation de ces cultures pour servir aux moteurs à combustion interne, au kérosène, et aux centrales électriques.
De nombreuses petites et moyennes raffineries ont dû faire face à un effet ciseau des prix qu’elles n’ont pas pu surmonter. En même temps, des états comme le Minnesota, la Pennsylvanie, et le Massachusetts, et de nombreux autres ont imposé que de 2 % à 5 % de biodiesel de soja soit mélangé avec le gazole standard. De grandes et moyennes raffineries ont pu utiliser les avantages des gros volumes ainsi que les oléoducs pour transporter l’huile bioraffinée efficacement vers les marchés de la côte Est (avec l’aide de crédits d’impôt du gouvernement). Ces groupes ont prospéré. L’ajout d’une pression supplémentaire sur l’approvisionnement et le prix accroît les problèmes des secteurs du maïs et du soja dans le Midwest, qui ont connu 2 années de grave sécheresse.
Ces 3 dernières années le gouvernement fédéral s’est efforcé de mettre en place une politique cohérente sur les biocarburants, de même que des subventions pour encourager une plus forte utilisation et un développement des raffineries. Le Congrès est toujours en discussions à propos de la mise en place potentielle d’un crédit d’impôt de 1 $ par gallon pour les raffineurs d’huile végétale brute. À moins que des décisions claires soient prises par le gouvernement fédéral, l’industrie du biodiesel de soja (huile végétale) restera dominée par les grandes agroraffineries. Le prix actuel de l’huile de soja brute est d’environ 3 $ le gallon, alors que le gazole se vend à 3,91 $ le gallon.
Il ressort qu’à court terme, les prix pour l’huile de soja sont en faveur d’une utilisation dans l’alimentation humaine. De nouvelles sources de pétrole sont découvertes tous les mois, ce qui fait que le gazole conventionnel reste compétitif pour l’industrie du transport.
Je pense que la demande mondiale de produits alimentaires (spécialement en Chine, en Inde, et en Afrique) va occasionner une pression sur les prix de l’huile de soja, avec pour conséquence que le secteur du biodiesel de soja américain aura encore besoin de l’aide du gouvernement pour rester viable.
Alors, les États-Unis ont-ils de l’avenir dans le biodiesel de soja ? La politique internationale, la crise au Moyen-Orient, les économies émergentes, et des prévisions de récoltes américaines au-dessus de la moyenne pourraient créer un marché favorable pour le biodiesel de soja. Les bioraffineurs utilisant l’huile de soja ont une chance d’être rentables avec ou sans l’aide du gouvernement si ça se passe ainsi en juin 2014.